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Né en 1995, le dispositif «Cinéma, cent ans de jeunesse» expérimente une pédagogie du cinéma qui conjugue la formation du regard avec l'expérience créatrice. Il met en place chaque année des ateliers en milieu scolaire et périscolaire avec l'intervention de praticiens du cinéma.

Des ateliers cinéma

Le projet se déroule sur toute une année scolaire. Les ateliers ont lieu dans les établissements (écoles, collèges, lycées), ils sont menés conjointement par un enseignant (ou une équipe) et un intervenant professionnel. Tout au long de l’année les séances alternent le visionnage de films en salle et l’analyse d’extraits de film avec des exercices pratiques et la réalisation d’un court film collectif.

Une question de cinéma, des règles du jeu

L'originalité du projet consiste à définir un cadre général et des règles du jeu formulées chaque année en concertation avec les partenaires des différents pays. Quel que soit l'âge ou leur lieu de vie, les enfants travaillent tous sur une même question, qui les fédère et leur sert d'angle d'attaque pour découvrir le cinéma (par exemple : la couleur, le point de vue, montrer ou cacher, pourquoi bouger la caméra ?...) En prêtant attention à un paramètre en particulier, en prenant conscience des enjeux qui y sont attachés, on invite les élèves à élargir leur approche du cinéma. Après avoir vu des films en salle et analysé les extraits qui ont été repérés sur le sujet, les élèves réalisent dans un premier temps des exercices individuels. Ce n'est qu'une fois que chacun s'est frotté au sujet de l'année que la classe commence à travailler à la réalisation d'un film-essai collectif, en suivant des indications scénaristiques.

Des échanges et des rencontres
Des temps de formation pour les adultes

L'ensemble des participants adultes impliqués dans les ateliers (enseignants et intervenants) se retrouve à trois reprises au cours de l'année :

Septembre/octobre : 2 journées de formation et de réflexion au Ciné 104 à Pantin pour aborder et préciser la question de cinéma qui servira de fil rouge au travail mené dans les ateliers, à travers le visionnage et la comparaison de séquences de films choisies dans toute l'histoire du cinéma et les différentes cinématographies.

Mars-avril : bilan d'étape à mi-parcours, organisé dans des structures culturelles associées au dispositif en région ou dans les pays.

Juin : une rencontre internationale dans une ville européenne (Paris, Francfort, Lisbonne...) avec projection des films réalisés dans l'ensemble des ateliers, en présence des élèves. Egalement projections nationales au Ciné 104 à Pantin et dans les autres structures participant au programme.

Enseignants, intervenants, partenaires culturels forment une véritable communauté de réflexion au sein de laquelle il est possible de confronter des méthodologies et de partager des approches pédagogiques.

Un blog international d’échanges entre élèves

Tout au long de l'année, un blog permet aux élèves de correspondre et de savoir comment progresse le travail de chacun. Pour plus d’informations, voir la page de l’année en cours.

Un temps de restitution, pour tous, en juin

En juin, Le Ciné 104 à Pantin accueille l'ensemble des participants – adultes et élèves – (900 personnes environ) pour trois journées de projection. Les participants de tous âges et de tous horizons font connaissance, dialoguent joyeusement et débattent des choix cinématographiques à l'œuvre dans leurs films. Ayant travaillé sur un même thème, il leur est plus facile d'échanger sur leurs expériences. Leurs films donnent à voir le monde, dans sa diversité de climats, de lumières, de langues, de rythmes et de modes de vie.

Un projet qui s’adresse à tous les publics

Enfin, un des points d’intérêt de ce dispositif est la grande diversité de ses participants : mixité d’âge (de 7 à 18 ans), diversité géographique et linguistique (ateliers dans une dizaine de pays différents, implantés dans de petits villages, dans des grandes métropoles, en banlieue ou sur des îles) ; mixité des âges et des publics (écoles, collèges et lycées classiques, zones sensibles, zones rurales éloignées, lycées professionnels).

Un temps de restitution, pour tous, en juin

En juin, Le Ciné 104 à Pantin accueille l'ensemble des participants – adultes et élèves – (900 personnes environ) pour trois journées de projection. Les participants de tous âges et de tous horizons font connaissance, dialoguent joyeusement et débattent des choix cinématographiques à l'œuvre dans leurs films. Ayant travaillé sur un même thème, il leur est plus facile d'échanger sur leurs expériences. Leurs films donnent à voir le monde, dans sa diversité de climats, de lumières, de langues, de rythmes et de modes de vie.

Le mot d'Alain Bergala
Enseignant, critique et cinéaste
Conseiller artistique du Cinéma, cent ans de jeunesse

La pédagogie du cinéma, en France, est l'héritière d'une tradition ancienne et très riche. Elle doit son exceptionnel développement à des raisons historiques et politiques précises et uniques. Elle passe par les grands mouvements de culture populaire de l'après-guerre comme Peuple et Culture et Travail et Culture, par le puissant mouvement des Ciné-clubs pendant les trente glorieuses, et enfin par la volonté politique, à partir des années 1970, de faire entrer le cinéma dans le système scolaire et périscolaire, même si cette impulsion a connu depuis des hauts et des bas.

En 1995 naît dans les murs de la Cinémathèque française et hors ses murs, un dispositif d'avant-garde pédagogique, Le Cinéma, cent ans de jeunesse, qui s'est voulu dès le départ un dispositif de recherche pointu et exemplaire. Le but de ce dispositif est d'expérimenter une pédagogie généralisable du cinéma dont le modèle, qui s'affine d'année en année depuis plus de quinze ans, est en train d'essaimer dans des pays qui s'ouvrent à des envies de cinéma en milieu scolaire : la Catalogne, le Portugal, le Brésil, l'Italie, l'Angleterre, l'Allemagne, etc.



Mon propre engagement dans ce programme, depuis son origine, a été ma base d'inspiration principale pour penser des modalités nouvelles d'éducation au cinéma dans le cadre des « Arts à l'école » initiés par Jack Lang, alors Ministre de l'Éducation nationale, au début des années 2000. Ce dispositif fonctionne comme une communauté d'autoformation et d'échange permanent entre ses participants (enseignants et professionnels du cinéma) qui ont mis au point des protocoles de travail précis et rigoureux. Cette exigence est plus nécessaire que jamais depuis quelques années où, à cause d'une nette régression de la place et du statut symbolique du cinéma dans l'Éducation nationale, menace une tendance à la « gadgétisation » et à des pratiques futiles, sans autre visée ni enjeu que de « faire semblant » de faire du cinéma. On peut tourner facilement n'importe quoi et n'importe comment avec les appareils numériques d'aujourd'hui, mais ce n'est pas parce qu'existe vaguement un film qu'il y a eu une véritable expérience du cinéma de la part des jeunes qui l'ont fait, et que cela laissera des traces qui comptent.

Initier au cinéma exige d'être pensé de façon responsable par les adultes qui s'y engagent. La solidité du Cinéma, cent ans de jeunesse réside dans une pensée conjointe du cinéma et de sa transmission, et de méthodes de travail patiemment expérimentées et autoanalysées qui lui ont permis de capitaliser une méthode utilisable par d'autres. Et c'est ce qui a permis à des passionnés de la transmission du cinéma, dans d'autres pays, de se sentir à la fois confortés dans leur désir et suffisamment rassurés par des cadres de pensée et de pratiques auxquels s'adosser pour se lancer dans l'aventure. Libre à eux ensuite de les adapter à leur pays et à la situation spécifique qui est la leur.

S'il me fallait choisir un seul des points d'exemplarité du Cinéma cent ans de jeunesse, ce serait celui de l'articulation du faire (le faire comme forme pratique d'une pensée du cinéma) et du recours permanent, tout au long du cycle annuel, à des extraits de films venus de toutes les époques et tous les pays du cinéma. Ces visionnements d'extraits de films font partie de la démarche générale de penser les questions que l'on se pose, les problèmes que l'on rencontre, à partir de la façon dont les ont affrontés concrètement les cinéastes, ceux qui ont constitué le cinéma jusqu'à aujourd'hui. C'est la meilleure façon de résister à la gadgétisation du faire, et il suffit de voir les films réalisés dans les classes, en fin d'année, pour se rendre compte de l'incroyable intelligence et appétit avec lesquels les élèves ont assimilé certains de ces extraits de films – ceux qui ont concerné leur goût et leurs questionnements – pour penser leur propre pratique. On est à mille lieues de l'imitation d'un modèle, mais au cœur même de la réalité de l'acte de création. (juin 2012)

Projection 2016-2017